GR 54 : Tour de l’Oisans et des Ecrins

Sur un coup de tête, nous décidons de faire un GR. Nous sommes en forme, c’est le moment !

Nous dénichons in extremis le topoguide après avoir appelé toutes les librairies et magasins de sport de Thonon. Il nous sera bien utile.

Etape 1, dimanche 19/07/20, Bourg d’Oisans – Besse :

Réveil à 4h15 pour rejoindre le Bourg d’Oisans (722 m). La voiture garée, nos sacs trop lourds sur le dos, nous faisons nos premiers pas. La montée sèche et aride de l’Alpe d’Huez annonce la couleur. On se demande s’il y a une navette là-haut qui ramène ceux qui déclarent forfait… Et si on la faisait à vélo l’an prochain ? Trêve de plaisanterie, les cyclistes ont l’air de souffrir autant que nous.

Pause frites & diabolo au bord d’un ruisseau. Nous terminons l’ascension jusqu’au col de la Sarenne (1999m) sur le bitume en plein cagnard et pour la deuxième fois de l’année, nous admirons la Meije !

Sieste réparatrice avant une descente bien raide. A Clavans-en-Haut, nous visitons une expo photos et glanons quelques bons conseils auprès des bénévoles, à l’exception de la « douce descente ombragée » qui se transforma en « douce descente ombragée suivie de la montée de la mort jusqu’à Besse ! ». C’est aussi à Clavans que nous nous rendons compte que ni l’un ni l’autre n’a sa CB. On fait les comptes : il va falloir marcher vite et se serrer la ceinture.

Besse doit être l’un des plus beaux villages de France. Les maisons en pierre, la petite place où nous nous réapprovisionnons en eau, la superette et la boulangerie artisanale pour le repas du soir, le terrain de camping… à l’autre bout du village !

Nous sommes invités par deux couples à partager un emplacement. Après une partie de cartes d’un jeu censé être drôle, nous allons nous coucher.

Résumé du geek : Distance : 25.85 km, Dénivelé positif : 1716 m, Temps de marche : 7h15, Temps écoulé 10h30

Etape 2, lundi 20/07/20, Besse – Villar d’Arêne/Pont d’Arsine :

Réveil à 6h et mise en jambes avec un beau col. Nous arrivons en Mongolie, ou presque, sur le Plateau d’Emparis. Marmottes en pagaille. Nous quittons le GR pour aller voir le Lac Noir et le Lac Lérié. Charles pique une tête, brrr, trop froid pour moi !

Retour à la civilisation dans le village du Chazelet où nous commandons une grande bouteille de Perrier et deux fonds de sirop pour la maudite somme de 11,70€… de quoi regretter la bière !

La descente jusqu’à la Grave est ponctuée de tableaux de fleurs sauvages, c’est sympa ! On fait quelques courses et suivons « Villar d’Arêne par la forêt ». La montée pour passer un barre rocheuse fait mal physiquement et moralement alors, lorsque nous voyons le fameux village perché de l’autre côté de la rivière, nous préférons continuer le long du cours d’eau et poser la tente. Toilette de chat revigorante et utilisation de la LifeStraw pour la première fois. Nous nous endormons bercés par le clapotis vrombissement de l’eau.

Résumé : Distance : 23,55 km, Dénivelé positif : 1370 m, Temps de marche : 7h15, Temps écoulé 11h30

Etape 3, mardi 21/07/20, Villar d’Arêne/Pont d’Arsine – Le Monêtier les Bains :

Après cette nuit idyllique et un petit-déjeuner au soleil, on ne s’attendait pas à prendre une averse après 5 minutes de marche. Nous nous mettons à l’abris au camping de Pont d’Arsine.

Ascension du Col d’Arsine, cascades surplombées de glaciers, marmottes qui se chamaillent, torrent d’un bleu laiteux… nous arrivons au Lac de la Douche et trempons nos pieds malmenés. Il y a du monde ! Deux fillettes nous gratifie d’un concert avec une chanson spécialement composée pour l’occasion : « premier jour à 2000 m, c’est chouette, on enlève les chaussettes, au lac de la Douche ! ».

Place à la forêt de mélèzes. Au Casset, je mange la meilleure crêpe salée de ma vie (précisons que je n’ai jamais visité la Bretagne), l' »Ange Bleu ». On vous a pas dit ? J’ai retrouvé ma CB alors on garde nos 4 repas lyophilisés pour la partie plus sauvage et on se fait plaisir !

Et puisque c’est les vacances et qu’il n’est que 16h30, on réserve une chambre dans un gîte d’étape (cadeau de mes parents à Charles, merci !) ainsi qu’un créneau de 2h aux Grands Bains du Monêtier-les-Bains ! Magique ! Nos muscles remercient mes parents et le randonneur lyonnais pour le conseil. Nous continuons la soirée luxe avec un resto italien à tomber.

Résumé : Distance : 20 km, Dénivelé positif : 710 m, Temps de marche : 5h30, Temps écoulé 8h

Etape 4, mercredi 22/07/20, Monêtier-les-Bains – Parking d’Entre Les Aigues

Réveil à 6h. Il faut se résigner à quitter notre lit douillet. Nous déjeunons au gîte avec de très bons produits locaux et bios. Parfait si ce n’est le traileur ultra-chiant qui nous prend la tête avec son amour de l’ultra-light et de l’ultra-fast… Bois puis pistes de ski jusqu’au Col de l’Eychauda.

Passé le col, un paysage plus vert s’offre à nous avec un pente plutôt douce. Les genoux apprécient.

Portion de route avec pas mal de « coupe-lacets » jusqu’à Vallouise où nous arrivons 1 minute avant l’averse ! Café et ravitaillement. Il est trop tôt pour s’arrêter même si le temps est instable.

Nous suivons les conseils du topoguide et nous rendons difficilement à la Maison du Parc afin d’avoir des infos météo et de savoir si le col du lendemain est praticable sans crampons. Grosse blague… on nous certifie que non mais je n’ai aucunement envie de faire un détour de 2 jours en loupant des paysages magnifiques. On passe alors un coup de fil au refuge situé après le col « problématique » et le gardien nous confirme que ça passe. Let’s go!

Charles : « C’est tout plat voire descendant jusqu’à Entre-Les-Aigues. A ce stade, je lui fais naïvement confiance. Il ne lit pas les courbes de niveaux !!!

On apprendra plus tard que la plupart des randonneurs avaient pris une navette entre Vallouise et le parking d’Entre Les Aigues pour éviter ces deux heures de marche fastidieuses.

On grimpe, le ciel s’assombrit, on grimpe encore, le ciel est noir, ça sent mauvais. On continue car de toute façon il n’y a pas de terrain plat ni d’abris… on a passé une vieille chapelle mais on ne veut pas redescendre. Ca y est, il se met à tonner et il tombe des seaux d’eau. Avec nos bâtons de rando en métal, je nous vois déjà carbonisés. On ne doit plus être loin du but. Sur le topoguide, il y a un arrêt de bus à l’Entre Deux Aigues donc, on l’espère fort, un abri bus.

Il y a un grand champ avec des vans, on se réfugie sous un arbre pour réfléchir… Est-ce qu’on ne monterait pas la tente ici ? Charles laisse son sac et va voir ce qu’il en est d’Entre Deux Aigues. L’orage reprend de plus belle. Je m’éloigne des arbres. Les « vanlifers » bien tranquilles et au sec me regardent m’agiter. Je compte les secondes entre les éclairs et les coups de tonnerre. De pire en pire !

Charles revient. Il n’y a pas d’abri bus mais une baraque fermée et quelques arbres. Une famille a monté trois tentes sous le déluge pour se réfugier. Nous rejoignons le parking et nous collons sous le pas de la porte. Je pose mon sac et m’assois dessus. Au bout de 15 minutes, il y a une flaque sous mon sac… panique à bord, ma poche à eau ? Non, la « maison » est inondée et l’eau s’écoule par la porte d’entrée ! Quelle galère. Vue la tête des tentes d’à côté qui ressemblent à des piscines, nous décidons d’attendre au sec que l’orage passe. Il ne doit durer que 2h…

Dans le chantier « interdit au public » voisin, Charles traîne un grand panneau d’aggloméré pour abriter les sacs. On le mettra sous la tente, côté sec vers le haut, pour ne pas prendre l’eau par en-dessous. De vrais petits scouts !

Vers 20h30, nous grignotons dans la tente et nous endormons vite. Les sacs calés au fond nous gênent, nos corps sont en compote et une voiture plein phares nous réveille en pleine nuit. Pas très réparateur comme sommeil !

Résumé : Distance : 31,2 km, Dénivelé positif : 1480 m, Temps de marche : 8h06, Temps écoulé 11h50

Etape 5, jeudi 23/07/20, Entre Les Aigues – Refuge du Pré de la Chaumette

Nous ouvrons les yeux à 6h, sans réveil. Nous avons pris le rythme ! Petit déjeuner sur notre panneau d’aggloméré sous un grand ciel bleu.

Après 5 minutes de marche, je dois déjà vider mon sac à la recherche de mes lunettes de soleil. Au bout de 10 minutes, rebelotte car je ne suis plus sûre de ne pas avoir oublier les repas lyophilisés… la fatigue.

Quelques gros névés tiennent le coup à l’ombre, les cascades chutent de centaines de mètres le long des falaises qui nous entourent, nous croisons nos premiers patous.

Nous chargeons un litre et demi d’eau maximum par personne, ce qui nous oblige à boire dans les torrents mais allège ostensiblement nos sacs. On grignote barres, fruits secs et restes de fromage assez régulièrement, nos derniers repas ayant été quelque peu sommaires. Nous dépassons, nous faisons dépasser, redépassons, etc. la Team Kéfir Machiiiine, des compétiteurs avec un membre du groupe plus lent, qui traîne seul derrière…

Après une belle ascension vertigineuse et fatigante du fait des nombreux passages à gué et du niveau élevé d’attention requis pour ne pas dévaler la pente de schiste glissante, nous atteignons le col de l’Aup Martin (2761 m), le plus élevé du GR.

De l’autre côté, la descente est très longue. Charles cesse de compter les lacets après le 32ème. Première chute pour moi, dans les orties, quel bonheur ! Heureusement, le Refuge du Pré de la Chaumette, avec sa terrasse et ses parasols colorés, montre le bout de son nez.

Croûtes au fromage à 14h30, diabolo, bière, fromage blanc crème de marron (la tarte aux myrtilles était en rupture). On est tellement bien que l’on décide de s’arrêter là. Nous passons l’après-midi au bord de la rivière, faisons un brin de toilettes dans l’eau gelée, la lessive, montons la tente à 19h et allons dîner au refuge. Au menu : soupe de pois cassés, oreilles d’âne (des sortes de lasagnes aux épinards sauvages (qui ont la forme d’oreilles d’âne) avec à la place des pâtes, des crêpes !), tomme de brebis et pain maison, gâteaux maison. Miam ! Nous sommes attablés avec Isabelle et Laurent (nous apprendrons leurs prénoms deux jours plus tard), un couple de grenoblois.

Brossage de dents alors que le soleil couchant illumine le fameux col de l’Aup Martin.

Résumé : Distance : 17, 3 km, Dénivelé positif : 1175 m, Temps de marche : 5h30, Temps écoulé 7h

Etape 6, vendredi 24/07/20, Refuge du Pré de la Chaumette – La Chapelle en Valgaudemar

Aujourd’hui, c’est « journée cols » avec le col de la Valette (2668 m), le col de Gouiran (2597 m) et le col de Vallonpierre (2607 m). L’équipe du refuge annonce un éventuel orage en fin de matinée et conseille au randonneurs de partir tôt pour avoir passé les cols avant 11h et pouvoir se réfugier au refuge de Vallonpierre.

Réveil à 5h30. On voit déjà quelques frontales s’enfoncer dans la montagne. Pour nous, ce sera petit-déjeuner complet au refuge. Charles entame la discussion : – Tu bosses ici pour la saison ? – Non, je file juste un coup de main, je suis à Niez d’habitude. – A Niez, je connais pas, c’est où ? – Euh… je m’occupe d’ânes, je suis ânier. – Aaah… » Comment avoir l’air d’un parisien en 10 secondes.

Après ce séjour gastronomique au Refuge du Pré de la Chaumette (notre préféré tant pour le cadre que pour la qualité de la nourriture et la gentillesse du personnel), les cols passent comme une lettre à la Poste. Si vous regardez les photos en dessous, il y en a une où on voit bien les lacets jusqu’au col, c’est impressionnant.

Nous dégustons une omelette en terrasse (l’orage n’est jamais arrivé !) avec vue sur le lac au Refuge du Col de Vallonpierre à 11h suivi d’une tarte aux myrtilles chantilly. On est rejoint par Isabelle et Laurent, les trois tchèques, les deux jeunes math sup math spé et le couple de profs qui ont commencé le même jour que nous. C’est notre gang à nous !

S’ensuit la descente jusqu’à la Chapelle en Valgaudémar avec une portion riche en myrtilles sauvages ! Miam. Nous convenons avec Isabelle et Laurent de nous retrouver au camping. Surprise ! Il y en a au moins trois ! Laurent s’arme de courage après cette longue journée et nous retrouve. Nous prenons une douche tiède et dînons à même le sol au milieu de campeurs bien équipés. Il est 22h… on ne s’était jamais couché aussi tard depuis le début du GR !

Résumé : Distance : 26,4 km, Dénivelé positif : 1167 m, Temps de marche : 7h48, Temps écoulé 12h

Etape 7, samedi 25/07/20, La Chapelle en Valgaudémar – Le Désert en Valjouffrey

Après des tartines à la confiture de pays offerte par nos amis grenoblois, nous quittons la Chapelle (1050 m) et marchons sur du plat pendant 5 km ! Assez rare pour le mentionner. Puis… ça monte jusqu’au Refuge des Souffles (1975 m) où nous faisons une pause chocolat chaud (bière pour les tchèques !) et omelette. Il n’est que 10h30. Nous continuons l’ascension jusqu’au col de la Vaurze (2490 m). Les montées passent beaucoup mieux que les descentes. Celle-ci était cauchemardesque : raide, glissante avec la pierre qui se dérobe sous nos pieds, poussièreuse, en plein soleil… Après de multiples pauses et une grosse envie d’abandonner, nous arrivons enfin au Désert en Valjouffrey (1100 m). Le bar est fermé jusqu’en 2021. Déception ultime. On demande à deux petits vieux une bonne adresse et nous finissons à l’Eterlou, chez Marie-Claude, aimable comme une porte de prison. Le reste du gang arrive, on la taquine et elle finit par esquisser un sourire. Bon, ça c’était avant qu’elle rentre et ferme boutique en nous laissant sur la terrasse… A la fromagerie, une saisonnière nous indique un endroit où bivouaquer et nous parle d’un gîte communal. On réserve les petits-déjeuners pour le lendemain et allons camper gratuitement avec Isabelle, Laurent et Thomas, qui fait une partie du GR en sens inverse. Comme nous, il est né en 1991, dernière année symétrique du millénaire ! Sa bonne humeur est contagieuse.

Résumé : Distance : 22,75 km, Dénivelé positif : 1601 m, Temps de marche : 7h26, Temps écoulé 11h36

Etape 8, dimanche 26/07/20, Le Désert en Valjouffrey – Lac de la Muzelle

On avale le dénivelé positif comme jamais. On ne sens plus nos sacs.

Ca aurait été du gâchis de prendre une journée de repos au village à se tourner les pouces avec « la » Marie-Claude !

Les derniers lacets du col de la Muzelle sont impressionnants. A la descente, un long névé nous facilite la tâche. Le refuge du Lac de la Muzelle sert boissons et repas alors que ce n’était pas noté dans le topoguide. Une bonne Guiness en compagnie de la bande de joyeux lurons bien contents d’avoir surmonté les dernières difficultés. On assiste à l’héliportage d’un homme âgé que l’on avait croisé au col…

Nous installons le campement sur la rive du lac, mangeons nos repas lyophilisés, une part de tarte aux légumes et buvons une bonne tisane en compagnie d’Isabelle et Laurent que nous ne quittons plus.

En bref, une journée idéale si Dame Nature ne m’avait pas gratifié de son cadeau mensuel 2 semaines en avance…

Résumé : Distance : 17,78 km, Dénivelé positif : 2209 m, Temps de marche : 6h13, Temps écoulé 7h45

Etape 9, lundi 27/07/20, Lac de la Muzelle – Bourg d’Oisans

Notre dernier réveil sur le GR ! Petit-déjeuner style buffet au refuge avant le dernier col. Nous retrouvons le groupe et prenons une photo souvenir (il manque les profs).

Je suis un peu patraque avec mes deux protections pour la journée (c’est déjà ça ! Merci Isabelle !). Le lac du Lauvitel invite à la baignade ! Il y a du monde. En descendant, nous répondons des dizaines de fois aux questions « C’est encore loin ? Ca vaut le coup ? », les enfants pleurent.

Charles vit son meilleur moment du GR lorsqu’un papillon de pose sur son doigt et y reste perché un moment ! Je n’ai malheureusement pas eu le temps d’immortaliser son rêve d’enfant.

A la Danchère, nous faisons un crochet par la buvette dont Isabelle et Laurent nous avaient vanté les mérites. Ca tombe bien, à peine avons-nous commandé qu’ils nous rejoignent. S’il y avait un prix du meilleur gazon de France, la buvette le gagnerait haut la main. Dommage qu’il y ait tant de guêpes.

Nous finissons le tronçon jusqu’au Bourg d’Oisans tous les quatre et nous arrêtons soulager nos pieds dans l’eau gelée du bucolique Lac Bleu.

C’est plat jusqu’au centre du village. Un dernier verre avec les jeunes math sup math spé, puis nous accompagnons Laurent et Isabelle jusqu’à l’arrêt de bus. De notre côté, nous nous payons une douche dans un camping puis allons faire quelques courses pour la fête improvisée de ce soir. Les tchèques ont un grand van aménagé, les profs se joignent à nous sur le parking et nous faisons un barbecue, buvons et dansons jusqu’à 2h30 du matin… On s’endort dans la Clio !

Résumé : Distance : 21,11 km, Dénivelé positif : 601 m, Temps de marche : 6h28, Temps écoulé 9h17

Résumé des résumés : Un peu plus de 200km pour un peu plus de 12 000m de dénivelé ! On est plutôt fiers 🙂

Ce que nous sommes contents d’avoir laissé dans la voiture :
– l’appareil photo (trop lourd)
– les chaussures de marche de Charles (baskets de trail Décat’ approuvées)
Ce que nous aurions dû laisser dans la voiture : les liseuses (trop fatigués pour lire)

Le lendemain, l’ambiance est étrange. Nous nous réveillons avec une sensation de vide et de tristesse. On n’a nulle part où marcher !

On va visiter une passerelle himalayenne puis descendons au lac de Serre-Ponçon. Nous nous arrêtons avant, au lac du Sautet. Comme dit Charles : « C’est moins beau que le Léman ». Dur dur d’habiter une jolie région…

[Série Parcs Nationaux Américains] #6 Arches National Park

Retour dans le passé avec quelques articles des Etats-Unis jamais publiés ! Mieux vaut tard que jamais

Lieu
Utah, Etats-Unis

Superficie
354,2 km2

Secteur(s) visité(s)
Tous sauf l’Ouest (Klondike Bluffs, Eye of the Whale Arch) accessible seulement en 4×4. La carte est ici.

Combien de temps et quand ?
Fin septembre 2018, 6 jours dans les environs :
– Arches : 3 jours
– Moab, la ville d’à côté : 2 jours
– Corona Arch (zone hors du parc national) : 1 jour

Pourquoi ?
Après Yellowstone (grâce aux films de fin du monde), Yosemite (films d’escalade) et la Vallée de la Mort (westerns), Arches était probablement le parc de l’Ouest américain dont nous avions le plus entendu parler.

Météo
Magnifique soleil

Activités
Balades et randonnées

Au sein du parc, une grande partie des arches et des points de vue sont facilement accessibles. Par exemple, il n’y a qu’ 1,6 km aller retour à parcourir pour admirer The Windows, 0.5 km A/R pour fouler le sable extra doux de Sand Dune Arch, 0.8 km A/R pour voir les géantes Doubles Arches (deux arches presque perpendiculaires qui partagent une extrémité commune), 0.5 km A/R pour tourner autour de l’incroyable Balanced Rock (un rocher d’un volume équivalent à trois autobus qui tient en équilibre sur un socle), etc.

Cependant, on recommande de s’armer de courage, d’eau et d’une casquette pour découvrir le secteur de Devils Garden (le Jardin du Diable en français) et ses nombreuses arches (environ 15 km de marche) et de ne pas manquer la notoire Delicate Arch (4,8 km).

Hors parc, nous nous sommes aventurés sur les conseils de locaux à Corona Arch qui vaut définitivement le détour (environ 5 km A/R). Clou du spectacle : dormir au milieu du désert avec vue sur le fleuve Colorado !

Kaboo
Je crois que c’est à Arches que nous avons recommencé à jouer aux cartes, la nuit tombant de plus en plus tôt. On a appris à jouer au Kaboo à Yellowknife avec notre bande de bénévoles de Blachford Lake Lodge. Il faut quelques tours pour comprendre les règles de ce jeu qui devient vite addictif ! Minimum deux joueurs, parfait donc.

Arrêt au stand
C’est le moment de gâter notre maison sur roue pour qu’elle se sente bien dans ses baskets elle aussi ! Nouveaux pneus pour Cheezy.

Géologie
Mais pourquoi y a t’il tant d’arches dans ce coin des Etats-Unis ? Dans le parc seulement, on en compte plus de 2000. Comment se forment-elles ? Et qu’est-ce qu’une arche d’ailleurs ? La réponse est complexe, mais étant donné que vous et moi ne sommes pas géologues, nous allons simplifier.

Premier ingrédient, le bon type de pierre : du grès (d’Entrada, poreux et Carmel, plus dense). Le grès est composé de grains de sable cimentés entre eux. En anglais, c’est facile, on le nomme « sandstone » ce qui se traduit au mot à mot par « pierre de sable ».
Craquelez-le en lignes parallèles. D’épaisses couches de sel profondément enfouies sous la surface sont écrasées par la tonne de roches au dessus d’elles, elles se bombent ce qui crée des dômes. Sous la pression, la roche des dômes se fissurent (comme la croûte d’un pain qui cuit) en une série de lignes plus ou moins parallèles.
Ajoutez ensuite une bonne quantité de pluie, soit 18 à 23 centimètres d’eau par an et laissez l’érosion faire son travail. S’il pleuvait trop, les arches n’auraient pas le temps de se former qu’elle seraient déjà détruites. S’il ne pleuvait pas assez, il n’y aurait pas d’arche. Quel équilibre !
Enfin, assurez-vous de la stabilité de la région. Le fait que tant d’arches soient encore debout indique que la zone est géologiquement stable (peu de tremblements de terre) depuis au moins 50 000 ans.
Les années passant, l’ouverture s’agrandit et l’arche devient de plus en plus fine et fragile jusqu’à son effondrement, ne laissant que sa base.

Source : Site des parcs nationaux
Une petite vidéo pour (éventuellement) clarifier les choses ! Cliquez-ici.

Ce que l’on a moins aimé 
– L’atterrissage raté du drone AKA le jour où Charles a failli perdre ses doigts. Qui veut du boudin ?
– On est déçu de ne pas avoir entendu parler des mines de potasse qui étaient vraiment pas loin de notre spot de camping dans le désert. C’est pas écolo mais ça aurait fait de magnifiques photos. A voir ici du coup !
– La piscine de Moab. Avis aux visiteurs, ne payez que la douche. La piscine est vétuste, pleine de courants d’air et parfaite pour attraper une bonne crève dans le désert.
– Dormir sur une aire de repos avec le générateur d’un camping-car qui tourne toute la nuit, plusieurs nuits d’affilée. Ceci dit, on était bien sur notre aire… à côté de l’entrée du parc, aux portes de Moab et jamais embêtés par la police !

Ce que l’on a préféré 
– Pique-niquer dans le parc, voir un car arriver, râler sans bouger (« on était là avant »), se rendre compte que ce sont des français, discuter et récupérer les restes de leur repas et… deux cubis de vin !
– Danser pieds nus dans le sable extra doux à Sand Dune Arch
– Les glaces à l’eau par dizaine… pas le choix, ils ne les vendent pas à l’unité 😉
– Le café « Eklectica Coffee & Collectables » de Moab où nous avons passé un peu de temps sur Internet à vous donner des nouvelles. L’agréable terrasse ombragée, la bonne nourriture végétarienne et la gentillesse de l’équipe et de la clientèle.

Le coin des anecdotes 
– Lorsque j’ai envoyé une photo du parc à ma mère, j’ai reçu de sa part une photo de la photo accrochée au mur de son bureau de la même arche ! Vous suivez toujours ? #inception
– Landscape Arch, avec près de 89 mètres de long, est la plus grande arche naturelle du monde.
– Delicate Arch, devenue symbole de l’Utah, est la plus photographiée des 2000 arches du parc. Le relais de la torche olympique des jeux de 2002 est même passé dessous. Dans les années 1950, l’administration du parc avait pensé la protéger de l’érosion par un revêtement transparent plastique. L’idée fut vite abandonnée, ouf !
– Les Grands Corbeaux (corvus corax) ont continué de nous bluffer avec leurs gammes de sons, leur figure de voltige, et en cachant probablement l’équivalent de deux paquets de chips renversés par le groupe de français. Il faut dire que leurs cousins de nos campagnes (corneilles noires et corbeaux freux) ne sont pas mal non plus lorsqu’ils utilisent la route comme casse noix.

Les photos :

La réponse à la question de l’article précédent.

Pétroglyphe / hiéroglyphe, deux mots pour la même chose ? Développez votre réponse si le cœur vous en dit 🙂
a. Oui
b. Non

Pétroglyphe = Dessin symbolique gravé sur de la pierre.
Hiéroglyphe = Signe caractéristique de l‘écriture des anciens égyptiens