Whitehorse et le Yukon, plus grand que nature !

17 juin au 17 juillet 2018

Je viens de retrouver cette note et ça me rappelle qu’on n’a pas encore publié d’article sur nos semaines passées à Whitehorse…

Foutu formatage. J’ai les idées floues.
Un job d’été mal payé ? Ou profiter du court été Canadien en sillonnant les routes du pays ?
Des horaires aléatoires et une probabilité élevée de ne pas avoir de jour de congé commun ? Ou explorer ensemble.
Intégrer une communauté pour quelques mois et s’épanouir en son sein ? Ou rencontrer et échanger le temps d’une soirée autour du feu, d’une pause café, le long d’un sentier.
Renflouer lentement mais sûrement les caisses ? Ou continuer à vivre sur nos économies.
Permis TRAVAIL vacances ? Ou permis VACANCES travail ?

Vous l’aurez compris, nous avons choisi la dernière option et terminons notre été sur les routes du Grand Nord, une expérience nouvelle, habitués que nous sommes au doux mélange estival sable/sel/crème solaire.

Après avoir mis à jour nos CV et prospecté le marché de l’emploi saisonnier de Whitehorse, nous nous sommes rendu compte que l’on trouverait des opportunités très rapidement en cas de coup dur.

Salut les « anciens » : « Ah la jeunesse, c’est plus ce que c’était ! Tous des fainéants ! Pierre qui roule n’amasse pas mousse ! » Et les plus jeunes : « Nous on galère à boucler les fins de mois et eux, ils se promènent. La chance. C’est pas donné à tout le monde. »

Certes. On est né du bon côté, tout comme vous les amis. On a pris des risques et mis nos carrières de côté pour ne pas finir aigris de ne pas avoir essayer de vivre ailleurs et autrement. C’est étrange de se dire que l’on voyage actuellement grâce à l’argent économisé lors de notre vie « active »… alors que nous passions nos journées entre quatre murs  en open-space le cul sur une chaise le nez collé à un ordinateur à gérer des projets si importants pour les partis impliqués qu’on en cauchemardait rêvait la nuit. C’est sûr que l’on ne se heurte plus aux mêmes problématiques en voyage mais on apprend tout autant, voire plus en ce qui concerne les compétences humaines.

Assez disserté. Profitons de notre liberté toute relative pour vous conter nos aventures.

Tout d’abord, nous n’aurions pas pu rester si longtemps à Whitehorse sans  les formidables Mélanie, Stéphane et Kroutchouk (rencontrés à Yellowknife grâce au site Couchsurfing, souvenez-vous) chez qui nous nous sommes pour ainsi dire installés… Mille milliards de mercis ! Ils parlent de nous sur leur blog ici, ici et ici.

On a bien randonné, mangé (principalement végétalien), et campé :
Fish Lake

Grey Mountain via Money Shot Trail

Caribou Mountain

Miles Canyon

Kusawa Ridge

Parc national et réserve de Kluane

Haines, certes en Alaska mais nous y sommes allés avec Mélanie et Stéphane en van jusqu’à Skagway puis en ferry. On a pu observer pour la première fois de notre vie un feu de forêt impressionnant… sans risque pour nous puisqu’il était de l’autre côté du lac.

Et pris le temps de vivre plus posément : lire, se balader au bord du fleuve Yukon, pratiquer le yoga dans le parc, visiter des musées, participer à des événements…

La gay pride
Le solstice St-Jean
La Journée Nationale des Peuples Autochtones le 21 juin célébrant le patrimoine, la diversité culturelle et les contributions des Premières Nations, des Inuits et des Métis au Canada.
Canada Day, la fête nationale le 1er juillet commémorant la date de formation de la fédération canadienne par la Reine Victoria en 1867.
Le festival culturel Adäka en l’honneur des Premières Nations.
Arts in the Park, des concerts pendant la pause déjeuner du lundi au vendredi.

Puis nous avons depuis repris la route vers le Nord, direction Dawson City. Nous en parlions dans notre article sur le Chilkoot Trail… c’est dans cette ville que les prospecteurs espéraient s’enrichir ! La ville d’aujourd’hui vit principalement du tourisme : spectacles de French Cancan, croisières sur le fleuve Yukon, canoës, le fameux Sourtoe Cocktail (shot d’alcool fort agrémenté d’un orteil momifié) et de nombreuses activités liées à la Ruée vers l’Or. Niveau nature, on a vu mieux, les alentours ayant été bien altérés par l’industrie minière et ses énormes barges qui, en séparant l’or des autres roches, recrachaient des montagnes de graviers.

Après avoir fêté la victoire de la France dans un bar pro-croates et apprécié une bonne douche au camping de la ville, nous embarquons Cheezy ornée de son nouveau pneu sur la Dempster Highway,  très longue route de gravier (et de roches acérées !). Mais pourquoi donc ? Parce que nous avons envie d’atteindre le cercle polaire, Inuvik voire Tuktoyaktuk au bord de l’Océan Arctique.  Au matin du deuxième jour, le temps s’est bien gâté et nous crevons après seulement deux kilomètres. Ça va, nous avions prévu le coup et Charles change la roue dans la boue comme un chef ! On nous informe que les 100 prochains kilomètres de route sont désastreux. Hum, il nous reste la roue de secours (la galette)… Allez en voiture ! Nous évoluons lentement entourés d’arbres brûlés, de brume, dans un sorte de décors de fin du monde. Quinze kilomètres plus tard, nous vérifions les pneus et croyons avoir droit à une deuxième crevaison, un pneu arrière étant fortement dégonflé. Nous préférons faire demi-tour, la météo et la chance n’étant visiblement pas au rendez-vous. Nous avons donc atteint le kilomètre 270, à seulement 130 kilomètres du cercle polaire et repeint Cheezy !

Il faudra donc que nous revenions pour la descente du Yukon en canoë, la Dempster Highway avec de meilleurs pneus et des randonnées dans le magnifique parc Tombstone ! On a déjà hâte !

De retour à Dawson City, nous rencontrons un voyageur français qui nous subjugue avec ses histoires de tour du monde en stop, de transatlantiques épiques si bien que nous finissons la soirée autour d’un verre (ou deux) et d’une belle partie de fléchettes ! Le lendemain matin, nous laissons Arthur à la sortie de la ville et allons faire réparer notre pneu.

Nous nous engageons ensuite sur une route splendide qui porte bien son nom, la Top of the World Highway et passons la douane la plus au Nord de toutes les douanes américaines ! Bienvenue en Alaska !

La Piste Chilkoot : Sur les Pas des Chercheurs d’Or

Du 25 au 30 juin 2018

La semaine dernière, nous avons suivis les traces des chercheurs d’or sur Chilkoot Trail, et bien avant eux, les pas des Tlingits.

Le sentier officiel de 53 kilomètres part de Dyea sur la côte Est de l’Alaska, franchi la frontière naturelle entre les États-Unis et le Canada au niveau du col Chilkoot et se termine à Bennett en Colombie-Britannique. Le chemin pour les prospecteurs était bien plus long et périlleux jusqu’aux champs aurifères situés au confluent du fleuve Yukon et de la rivière Klondike, dans la ville nouvelle de Dawson City. De notre côté, nous avons marché une vingtaine de kilomètres supplémentaires, entre autres parce que nous ne voulions pas prendre le train touristique de Bennett à Skagway, puis la navette jusqu’à Dyea où nous avions garé Cheezy (prononcé Tchizi), notre minivan.

Un peu d’histoire…
Découvertes à la mi-août 1896 près de Dawson City, les premières pépites firent vraiment parler d’elles lorsque le navire Excelsior accosta à San Francisco le 17 juillet 1897 avec une cargaison évaluée à un demi million de dollars ! Le Portland et sa cargaison évaluée à un million de dollars arriva à Seattle trois jours plus tard, acclamé par une foule immense… La ruée vers l’or était lancée ! Près de 100 000 hommes et femmes embarquèrent dans l’aventure avec une seule idée en tête, s’enrichir ! En 1898, la police canadienne imposa à chaque voyageur d’avoir avec lui une tonne de provisions et d’équipements pour des raisons de sécurité mais surtout pour éviter la famine. Il est estimé que 30% seulement réussir le voyage jusqu’à Dawson, et peu rentrèrent chez eux les poches pleines.

Cliquez ici pour agrandir la carte et ici pour le topo.

Jour – 1 : Whitehorse – Skagway – Dyea
Obtention des permis et préparatifs

Le réveil sonne à 7h15. Ça fait bien longtemps que nous n’avions pas utilisé cet objet de torture ! Nous sommes tellement ponctuels que nous arrivons avant l’employée de Parcs Canada au bureau de Whitehorse ! Bonne nouvelle, il reste de la place dans les campings de notre choix et des permis pour commencer le Chilkoot le lendemain. Hop, douche, petit-déjeuner, préparation du pique-nique et derniers achats… À 11h, nous prenons la route de Skagway en Alaska. Cheezy file, elle a l’air contente d’être plus qu’une chambre à coucher. En effet, ces derniers jours, nous avons passé du temps avec Mélanie et Stéphane qui habitent désormais Whitehorse et avec lesquels nous  découvrons la région au gré des campings et des randonnées (sujet d’un prochain article 🙂 ).

Rien à déclarer ! Bien que nos visas touristiques expirent ce jour précisément (et oui, nous étions arrivés à Los Angeles il y a déjà trois mois!), le passage à la douane américaine se déroule sans encombre.

Côté paysages, on en prend plein les yeux : lacs turquoises, rivières, roches, fleurs… C’est encore différent de ce qu’on a pu voir sur l’Alaska Highway. Nous avançons dans une vallée creusée il y a des milliers d’années par les glaciers, un vrai joyau géologique ! Skagway est sympathique avec ses airs de Western mais le flot de touristes que déversent les trois bateaux de croisière amarrés dans la baie nous motive davantage pour le Chilkoot. Nous obtenons les permis et assistons à la réunion d’orientation qui rappelle les règles essentielles du trekking au pays des ours.

C’est notre première randonnée en autonomie… L’année dernière, nous avions fait le Fisherman’s Trail au Portugal mais dormions dans des B&B ou auberges de jeunesse et nous nous ravitaillions dans les petites épiceries. Cette fois-ci, nous partons avec un peu plus d’équipement.

  • Camping :
    Sacs à dos : nous avions le choix entre nos 75L (déjà lourds à vide) et nos sacs journée 22L et 25L respectivement. On ne sait toujours pas si nous avons fait le bon choix mais on a préféré minimiser nos besoins et remplir les petits. Le point négatif : le confort au niveau des bretelles sur les épaules ! 
    Nouveau réchaud, deux bouteilles de combustible (une aurait suffit), casserole, tasse enamel offerte par maman, deux fourchettes et un couteau suisse (cuillères et allumettes oubliées).
    Sacs de couchage 0°C pour moi et 15°C pour Charles #glagla, matelas gonflables et tente Décathlon QuickHiker Ultralight II : on aurait pu se passer des sardines, les campings étant équipés de plate-formes surélevées en bois.
    Pastilles de désinfection pour l’eau. Gourde 1L en inox et une bouteille (anciennement de smoothie) dont Charles ne veut pas se séparer.
    Un spray au poivre en cas d’attaque d’ours.
    Lampes frontales (pas utilisées mais grandement recommandées pour voir quelque chose dans les toilettes sèches lorsqu’il fait sombre)
    2 bâtons de randonnée premier prix achetés chez Canadian Tire
  • Vêtements et chaussures :
    Charlène : Chaussure de trek Salomon Quest 4d gtx  super confortables, pantalon de trek moche mais fonctionnel, sous-pantalon fin en laine mérinos, tee-shirt de rando, tee-shirt manches longues fin en mérinos, sous-pull épais en mérinos, gilet polaire, doudoune Simond (hormis la couleur gilet jaune de sécurité, c’est un super achat), coupe-vent imperméable, bonnet en laine, bonnet fin, bandeau/cache-cou, chaussettes et culottes !
    Charles : Chaussures de rando Meindl qui font de plus en plus d’ampoules,  baskets de trail pour soulager les pieds dans les parties plus simples, pantalon, sous-pantalon fin en mérinos, tee-shirt technique, manches longues fin en mérinos, gilet polaire, doudoune Simond, coupe-vent imperméable, bonnet en laine, bandeau/cache-cou, chaussettes et UN caleçon ! Un vrai mec 😉

En voyage, on s’amuse souvent à deviner la nationalité des gens par rapport aux marques de leurs vêtements. Pour nous, pas de doute, vêtus de marques Décathlon quasiment de la tête aux pieds, on est bien français…

  • Trousse de toilette et secours :
    Une brosse à dents et dentifrice dans un sac congélation pour ne pas porter le tube ! Tout est bon pour réduire le poids 😉 4 ibuprofène. Pas de spasfons ou autres car on s’est rendu compte qu’ils avaient périmés entre 2015 et 2017… 4 pansements seconde peau. Crème solaire visage et un stick pour les lèvres et la cicatrice. Spray anti-moustiques le plus « naturel » qu’on ait trouvé dans le commerce.

Et le plus lourd !!! La nourriture ! C’est fou ce qu’on peut ingurgiter chaque jour.

Bref, on est heureux d’arriver au camping gratuit de Dyea, ville maintenant abandonnée, où les iris sauvages fleurissent ci et là !

Jour 1 : Dyea – Sheep Camp (par Canyon City)
Départ 8h. 22km. Arrivée 16h.

C’est dans une luxuriante forêt humide que nous nous enfonçons accompagnés de nos fidèles compagnons volants, les moustiques.

Nous choisissons de visiter Canyon City,  une ancienne ville tellement recouverte par la végétation qu’il est difficile d’imaginer que des hôtels, des magasins, des restaurants et la musique des tavernes faisaient autrefois vibrer les murs en bois.

Plus on se rapproche de Sheep Camp, plus il y a du monde et à la réunion de 19h avec le Ranger, nous sommes 25 ! Tout le monde se couche tôt car l’heure de départ préconisée pour s’attaquer au col est… 5h du matin !

Provisions : 4 œufs durs, 2 barres céréales, 2 sandwiches fromage/concombre/poivron,  1 pomme, 1 sachet de snack (graines, fruits secs et pépites de chocolat), lentilles corail au curry et une barre de notre plaque de chocolat au lait noisettes Lindt

Jour 2 : Sheep Camp – Deep Lake
Départ 5h40. 16,1km. Arrivée 17h (en comptant le changement d’heure +1h)

C’est l’étape la plus redoutée ! Le passage du Col Chilkoot et les pieds mouillés  toute la journée ! Je ne sais pas si c’est l’entrainement de ces derniers mois couplés à des sacs plus légers que la moyenne ou la belle météo, mais comme diraient nos amis québécois, c’était « pas si pire » ! C’était même la plus belle étape !

Peu après Sheep Camp, nous changeons de climat et avançons à travers la toundra arctique sur un chemin bordé d’artéfacts en tout genre, boîtes de conserves, câbles téléphoniques, chaudière à vapeur, fourneaux, roue de charrette… Nous arrivons aux « scales », l’endroit où les futurs chercheurs d’or devaient à nouveau peser leurs vivres avant d’être autorisés à passer le col. Ici, des transporteurs souvent autochtones et le téléphérique pouvant transporter neuf tonnes de matériel à l’heure permettaient aux prospecteurs d’effectuer un peu moins d’allers-retours. C’est aussi à cet endroit qu’une avalanche mortelle se déclencha le 3 avril 1898, enfouissant plus de soixante-dix personnes.

Viennent ensuite les « Golden Stairs », les escaliers dorés. Pour nous, il s’agit plutôt d’une pente abrupte de rochers glissants à escalader avant de retrouver les névés. Nous sommes les premiers de la journée à fouler la neige glacée. C’est une partie éprouvante pour Charles qui creuse des marches pour que l’on puisse grimper en sécurité. Arrivée en haut, à 1074 mètres d’altitude, la vue sur le Canada est à couper le souffle et le refuge nous permet de nous préparer une tisane pour nous réchauffer avant de redescendre, direction le camp heureux (Happy Camp) où nous nous arrêtons déjeuner, puis le camp de Deep Lake où nous  prévoyons de passer la nuit.

Provisions : 1 sachet de gruau à la cannelle, 1  thé, 1 sachet de snack, 4 barres céréales, une tisane, 1 sachet de coquillettes, une petite boîte de thon, une pomme, deux paquets de nouilles chinoises goût oriental, trois barres de chocolat Lindt.

Jour 3 : Deep Lake – Bennett (par Lindeman City)
Départ 11h. 16,1km. Arrivée 18h15.

Nous nous réveillons après une nuit fraîche et un réveil tardif qui nous aura permis de bien récupérer des efforts de la veille. Le climat et les paysages changent à nouveau et nous voici dans la forêt boréale nommée en l’honneur de Borée, le dieu grec du vent du nord. Nous récupérons nos diplômes du randonneur à Lindeman City, passons par le cimetière, et en apprenons encore plus sur la ruée vers l’or du Klondike grâce aux expositions et nombreux ouvrages mis à disposition.

Il y a quelques années, les rives du lac étaient bordées de grandes tentes et plus aucun arbre n’était debout ! Le bois servait entre autres à construire des bateaux pour naviguer jusqu’à Dawson City.

Puis les roches disparaissent pour laisser place à un chemin de sable fin et à une belle odeur du Sud. Nous marchons tout en jouant au petit bac, à la bataille navale, à motus, à des jeux de mots et en revoyant les classiques de la chanson francophone… On s’occupe comme on peut !

Ce soir-là, nous dormons seuls au camp de Bennett, un autre village déserté surplombé par la magnifique église en bois St. Andrews.

Provisions : 1 sachet de gruau, 1 thé, 1 sachet de snack, du riz aux épices, une barre de chocolat Lindt, une soupe de lentilles corail au lait et épices, 3 barres céréales. 

Jour 4 : Bennett – Log Cabin sur le chemin de fer puis stop jusqu’à Dyea. 
Départ 8h35. Environ 15 km. Arrivée 11h45 à Log Cabin et à peu près deux heures plus tard à la voiture.

L’étape du jour ne présentait, selon nous, pas de difficulté si ce n’est l’appréhension que personne ne s’arrête pour nous prendre en stop sachant que nous avions la douane américaine à passer.

Au bout de deux kilomètres environ, un ours noir mange le long de la voie de chemin de fer. Ne pouvant le contourner ou faire demi-tour, nous continuons d’avancer lentement, spray au poivre en main, en parlant fort afin qu’il s’en aille mais il ne semble pas vouloir remettre à plus tard son petit-déjeuner… Nous continuons d’avancer bruyamment en s’arrêtant à chaque fois qu’il relève la tête afin de ne pas le surprendre. Alors que nous sommes plus proches de l’ours que nous ne l’avons jamais été, il se lève sur ses deux pattes… Nous continuons tant bien que mal à lui parler calmement et reculons en lui faisant face et en essayant de ne pas faire de geste brusque alors que nous nous faisons dévorer par les moustiques et de ne pas trébucher sur le ballast. De nouveau sur ses quatre pattes, l’imposant animal se rapproche de nous puis s’arrête et retourne à son repas. Ouf, la boîte de thon vide et nos poubelles n’ont pas attisé sa curiosité !

Nous nous éloignons alors et attendons sur le côté de la voie que l’ours daigne s’en aller. Après quelques minutes, nous entendons le bruit d’un train. Il s’agit en fait d’un pick-up transportant deux employés des chemins de fer. L’ours saute sur le bas côté mais il ne s’enfuit pas. Le pick-up s’arrête à notre niveau et les hommes nous demandent si nous avons vu l’ours. Nous leur expliquons que cela fait environ une demi-heure que nous attendons de pouvoir passer… Ils nous propose alors de monter à l’arrière de leur engin et de nous déposer à une distance sécuritaire de l’ours, hip hip hip houra ! L’ours de nouveau sur la voie court, court, court avant de bondir sur de gros rochers afin de se mettre en sécurité. Nous remercions chaleureusement les employés du chemin de fer et reprenons la route en marchant à une vitesse folle et en chantant à tue-tête ! Peut-être cela fera-t-il déguerpir les prochains gourmands ou pleurer le ciel…

Après avoir fait sourire et crépiter les appareils photos des touristes à bord du fameux train, nous arrivons enfin au passage à niveau et commençons à faire du stop. En moins d’une demi-heure, une première voiture s’arrête et nous emmène jusqu’à Fraser, au poste de la douane canadienne. Ils nous proposent de se joindre à eux pour une randonnée mais nos jambes n’en peuvent plus et nous déclinons poliment. Une maman et sa fille s’arrêtent ensuite. Elles prévoient d’aller jusqu’à Dyea voir les iris sauvages après un déjeuner à Skagway. Elles nous déposent au départ de la route pour Dyea en nous disant qu’elles seront de retour d’ici une heure et des poussières. Entre temps, un papa et son fils qui habitent une maison dans les bois nous embarquent jusqu’à Cheezy.

Provisions : 1 sachet de gruau, 1 sachet de snack, 2 barres céréales
Provisions restantes : 1 sachet de semoule à l’orientale, 1 sachet de pâtes (au cas où nous devions déjeuner et dîner le dernier jour). 

L’aventure du Chilkoot s’achève ici, après environ 23h de marche ! Ce fut une expérience incroyable tant au niveau des paysages, qu’au niveau physique, humain et historique. Nous remercions ceux qui auront pris le temps de lire cet article jusqu’au bout et espérons que nous vous avons donné envie de parcourir ce sentier si spécial. N’hésitez pas à poser vos questions et de nous faire part de vos remarques en commentaires.