Nous nous rendons de Danang à Hoi An en bus jaune, le moyen de transport des locaux, et passons le trajet à discuter avec un jeune garçon.
Nous changeons d’époque aussitôt arrivés. La vieille ville, un port marchand d’Asie du Sud-Est du XVe au XIXe siècle, est inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO.
On peut se promener dans les ruelles étroites d’Hoi An des heures sans se lasser, découvrir les ateliers d’artistes, les galerie (particulièrement celle de Réhahn, un photographe français expatrié à Hoi An depuis 2011, avec son exposition sur les ethnies vietnamiennes, et la March Gallery), les musées, le marché central, les librairies, les boutiques qui se cachent derrière les façades jaunes, siroter un cocktail sur un toit, se prélasser le long de la rivière… A la nuit tombée, Hoi An brille de milles feux. Bien qu’ultra touristique, la ville reste paisible. Les centaines de lanternes y sont peut-être pour quelque chose ?
Hoi An est la Mecque du « sur mesure » : vêtements, sacs, chaussures, etc. Il suffit de choisir dans les magazines de grandes marque ou mieux, d’apporter une photo de la robe de ses rêves et c’est parti ! Bien trop raisonnables, nous ne ferons du shopping qu’avec les yeux… Les cours de yoga, de cuisine, de fabrication de lanternes nous font aussi de l’œil. Nous ne resterons à Hoi An que trois nuits mais nous aurions facilement pû y passer des semaines (et prendre 10kg grâce aux viennoiseries de HK Coffee & Bakery et LeVain Bakery !).
Nous empruntons de vieux vélos dégonflés et pédalons jusqu’aux plages. L’île de Cham face à nous, nous observons les hommes sur leurs bateaux. Il parait que c’est un bel endroit pour la plongée mais la saison n’a pas encore débuté. Nous commençons à avoir soif et Charles demande au marchand d’à côté s’il est possible de remplir notre gourde. Nous ne voulons pas acheter de bouteilles mais pouvons payer l’eau. Comme d’habitude, quid pro quo et nous nous retrouvons avec une gourde emplie de thé brûlant ! Nous rentrons tranquillement par les champs.
La nuit tombe à nouveau et nous sommes approchés de toute part par les « capitaines » de pirogues. Les lumières se reflètent dans la rivière, c’est féérique. La tradition voudrait que nous fassions un tour et déposions une lanterne sur l’eau en faisant un voeu… Pas très écolo !
Déambuler dans le centre historique interdit aux voitures nous satisfait amplement. Nous arrivons au milieu d’une partie de Bai Choi, un jeu traditionnel type bingo, accompagné de musique. On ne comprends pas tout mais l’engouement est là. Nous traversons évidemment le pont japonais, l’emblême de la ville et… nous expérimentons la première et la plus impressionante averse de notre voyage en attendant un Bahn Mi au marché nocturne ! Nous nous réfugions dans un garage avec une petite dizaine de personnes. Les rues sont gorgés d’eau et en moins de deux, les vendeurs de bibelots se transformes en vendeurs de ponchos !
Bref, ne manquez pas de visiter Hoi An même si vous aimez sortir des sentiers batus. Si les touristes s’y pressent, il y a une raison… Nous ne nous rendrons pas à My Son, un sanctuaire inscrit au patrimoine de l’UNESCO à 35km de Hoi An… Comme déjà évoqué, nous avons eu notre dose de temples en ruines.
Charles et Charlène, deux adultes responsables et organisés… Jeudi 18 avril 2019 : à deux jours de notre passage au Vietnam, on se met enfin en quête d’un visa. Il faut dire que c’était tellement simple et rapide pour les pays précédemment visités ! Les démarches en ligne terminées, nous apprenons que nous recevrons la confirmation d’ici 3 jours ouvrés. Oups, notre bus est le surlendemain. Nous sommes en pleine période de fête du Nouvel An Bouddhiste. Croisons les doigts…
C’est loupé ! Nous décidons tout de même de nous rendre au poste frontière Bavet / Moc Bai car étant français, nous avons droit à une exemption de visa pour un séjour n’excédant pas deux semaines. L’attente est longue. Il fait très chaud. Le « chef de bord » se promène avec la pile des passeports de tous les passagers. Nous utilisons le wifi pour vérifier l’avancée de notre demande de visa toutes les cinq minutes. Toujours rien. Nous ré-embarquons avec notre exemption de visa.
Hô-Chi-Minh-Ville (anciennement Saigon) du 20 au 23 avril 2019
L’ambiance nous plaît. Notre premier sandwich « Banh Mi » aussi !
Un nouveau pays, c’est l’occasion de se faire arnaquer différemment ! Je rigole lorsqu’un vendeur de noix de coco fait porter son chargement à Charles. Ils commencent à discuter tranquillement en marchant puis le vendeur attrape une noix de coco, la découpe, enfile une paille et lui demande de payer 10 fois le prix. Le plus drôle restera tout de même les cireurs de chaussures de rue qui ont presque cirés les TONGS de Charles !
Nous allons visiter le Musée des vestiges de guerre, incontournable pour comprendre l’histoire du pays, de la guerre d’Indochine (1946-1954) à celle du Vietnam (1955-1975). Le musée exprime avec force et sans langue de bois la brutalité et les conséquences de la guerre.
La guerre du Vietnam trouve son origine dans la guerre d’Indochine (actuels Vietnam, Laos et Cambodge), conflit qui opposa la France à la Ligue pour l’indépendance du Vietnam. Ce conflit fit plus de 500 000 victimes. Il aboutit à la dissolution de l’Indochine, ainsi qu’à la sortie de l’Empire colonial français des pays la composant et à la division en deux États rivaux du territoire vietnamien :
Nous découvrons, horrifiés, des milliers de photos, d’objets, de documents.
Les reporters de guerre sont en effet autorisés sur le front, aux côtés des soldats. Le Vietnam devient la première et la seule guerre américaine sans censure, et les images inondent les écrans et journaux du monde entier. Vous avez probablement vu la photo d’une petite fille nue et hurlante, brûlée au napalm… Ce conflit est logiquement, pour les photographes, le plus meurtrier de tous avec 135 reporters tués.
Vers 1968, l’opinion publique américaine bascule alors que le conflit s’enlise. Les manifestations contre la guerre se multiplient dans le monde, en particulier sur les campus universitaires. Le mouvement est soutenu par des intellectuels et des artistes.
Le massacre de My Lai (16 mars 1968) est publiquement et internationalement exposé fin 1969 et ne fait que renforcer l’opposition à la Guerre. En bref, ce crime perpétré par l’armée américaine a fait entre 347 et 504 morts (hommes, femmes, enfants et nourrissons). Viols, mutilations, meurtres, etc. Pour en apprendre plus, cliquez ici and there.
Le nombre de bombes larguées par les Etats-Unis durant ce conflit fait froid dans le dos : 7,08 millions de tonnes de bombes ! Par comparaison, 3,4 millions de tonnes ont été larguées par l’ensemble des alliés sur tous les fronts de la Seconde Guerre mondiale.
Un étage du musée est dédié à l’agent orange, un défoliant contenant de la dioxine principalement répandu par avion au-dessus des forêts vietnamiennes ou sur des cultures vivrières. L’agent orange a provoqué plusieurs cancers, anomalies génétiques et maladies chroniques et continue d’en provoquer. Les descendants de la troisième et de la quatrième génération souffrent encore de pathologies liées à la dioxine et il n’est pas rares de croiser des personnes malformées.
Les combattants américains ont été dédommagés par les fabricants de l’herbicide (Monsanto, Dow Chemicals et autres) en échange de l’arrêt de toute poursuite. Les victimes vietnamiennes n’ont rien obtenu. En 2004, la justice américaine les a déboutées invoquant l’absence de lien de causalité entre certaines maladies et la dioxine. Les juges ont également conclu que l’agent orange n’étant pas un poison au regard du droit international, il n’y avait donc pas d’interdiction d’utiliser un herbicide. De plus, aucun protocole d’accord n’a pu être négocié avec les fabricants de l’Agent Orange. En 2018, la victoire de Dewayne Johnson (jardinier diagnostiqué d’un cancer incurable à cause du RoundUp) contre Monsanto a poussé le Vietnam à demander de nouveau aux fabricants de l’Agent Orange de dédommager les victimes…
Dans la cour du musée sont exposés des avions, chars, hélicoptères et autres canons américains. Il y aussi un reconstitution des geôles où étaient détenus les prisonniers vietnamiens, avec notamment des cages tigres et une guillotine.
Vous l’aurez compris… âmes sensibles s’abstenir. Pas sûr que ce soit une bonne idée d’enchaîner comme nous l’avons fait les mémoriaux sur le génocide cambodgien avec le musée sur la Guerre du Vietnam… Nous ressortons sonnés.
Ho Chi Minh c’est aussi l’occasion de découvrir :
Des quartiers avec des bâtiments au look français :
la cathédrale Notre-Dame par exemple. Les briques qui ont servies à sa construction ont été acheminées de Marseille. Il paraîtrait que la statue de la Vierge qui trône devant la cathédrale se soit mise à pleurer en 2005. Nous ne sommes pas autorisés à entrer parce que je porte un débardeur…
l’Opéra et son style Belle-Époque
la poste centrale signée Gustave Eiffel
l’immense marché Ben Thanh. A la nuit tombée, les étals emplis de contrefaçons envahissent les rues. C’est impressionnant de voir à quelle vitesse les stands sont montés et démontés, la marchandise transportée dans des armoires métalliques sur roulettes tirées ou poussées à moto !
Les quartiers d’affaires avec de grands bâtiments vitrésultramodernes
Du sport de rue :
Admirer les joueurs de badminton de tout âge…
et ceux de dacau ou plumfoot. Le but du jeu est de garder un gros volant en l’air en utilisant n’importe quelle partie du corps sauf les bras et les mains.
Un concours de beauté en plein air, avec concerts et spectacles en tout genre…
De la nourriture différente : mon dîner d’anniversaire sur un rooftop avec une décoration végétale magnifique (après la traditionnelle chasse aux oeufs de Pâques), les marchés avec concerts où nous avons d’ailleurs retrouvé des amis Thononais qui terminaient leurs vacances, les buffets végétariens des moines bouddhistes…
Et bien sûr… le ministère de la sécurité et de l’immigration ! Et oui… les visas touristes tant attendus sont finalement arrivés ! Nous en avions besoin pour passer plus de deux semaines au Vietnam, notre vol pour Bangkok, partant de Hanoï approximativement dans 3 semaines. Après maintes recherches sur les forums et nombres de messages à des agences spécialisées visas, nous avons décidé :
de ne pas débourser la centaine de dollars demandée par les agences (sans obligation de réussite)
de ne pas passer une journée de bus pour retourner à la frontière cambodgienne où nous aurions de toute façon été déboutés car nous ne pouvions pas entrer de nouveau sur le territoire cambodgien avant trois mois, chose requise pour pourvoir ré-entrer au Vietnam avec un nouveau visa.
de ne pas se procurer des visas pour le Laos que nous aurions dû rejoindre en bus juste pour « faire le tour du poteau » et entrer avec nos nouveaux visas.
Nous avons tenté le tout pour le tout et après beaucoup d’attente, une histoire bien ficelée, une fiche remplie avec soin, nos passeports se retrouvent attachés à des dizaines d’autres avec un élastique en caoutchouc et jetés dans des caisses avec des centaines d’autres. Nous devons les récupérer à 16h30. A 18h, nous récupérons les passeports sans aucune explication, avec le tampon salvateur ! Le culot et la patience ont payé !
Mũi Né du 23 au 25 avril 2019
Courte étape pour visiter les dunes.
Les policiers de la ville sont connus pour amender les étrangers à scooter. Nous réservons donc un « tour » avec notre hôtel. Hop, dans le minibus au petit matin et c’est parti pour une belle journée ! Au programme : marcher pieds-nus dans les dunes « rouges », marcher pieds-nus dans les dunes blanches, marcher pieds-nus dans le ruisseau (fairy stream), et le marché des pêcheurs (chaussé celui-ci, il y a des limites à notre hippititude 😉 ).
Sinon, le village n’a pas grand intérêt : quelques hôtels milieu de gamme coincés entre la route et la mer pour clientèle russe ou adepte de kitesurf. De gros problèmes d’érosion : il n’y a presque plus de plage et elle ne donne pas envie de se baigner ! Du coup… quelques heure de farniente au bord de la piscine avec les rats !
Déception totale concernant la nourriture, pas un repas pour relever le niveau (j’ai cherché avec mes envies de sucre… mais rassurez-vous, le salé n’était pas meilleur).
Đà Lạt du 25 au 27 avril 2019
On se sent bien à Dalat. Comme avant nous, les colons français… La ville est d’ailleurs surnomée le « Petit Paris ». Regardez les photos, il y a même une réplique de la Tour Eiffel !
Située à 1500 mètres d’altitude, Dalat jouit d’un climat doux et clément (serres aidant) qui lui permet d’avoir une grande variété de cultures, de fleurs et de fruits. Fraises, roses et café ont la cotte.
Nous louons un scooter une journée pour explorer les environs et nous usons nos semelles les jours suivants.
Outre le plaisir simple de découvrir de nouveaux paysages et une nouvelle ville sans griller sous un soleil de plomb, voici un résumé de ce que nous avons vu, mangé, fait ou aimé :
Me Linh Coffee Garden : un plantation de café très belle, très « hipsterisée » où nous avons, comme la jeunesse dorée vietnamienne, fait de photos. Puis nous sommes arrivés aux cages des civettes palmistes… Dans les excréments de ces animaux nourris à outrance et clairement maltraitées, sont récupérés les grains, non digérés mais naturellement fermentés, de kopi luwak, le café le plus cher du monde. Après séchage et torréfaction, ils donnent un breuvage moins amer que le café traditionnel avec un goût caramélisé ou chocolaté. Nous sommes donc repartis les mains vides…
Une ferme d’insectes avec dégustation à la clé.
Les cascades, Elephant Waterfalls : très belles avec la possibilité de (presque) passer derrière le mur d’eau
Le paisible lac de Tuyen Lam
La Crazy House, Maison Folle ou Hằng Nga Guesthouse : un mélange architectural assez dingue entre Gaudi et Disney… Sac de noeuds d’escaliers, tunnels, ponts, tours. Agréable en fin de journée alors que le soleil se couche sur la ville.
La gare de Dalat, réplique de la gare de Deauville. Ca tombe bien, on n’est jamais allé à Deauville !
Le marché de nuit comme d’habitude
Du très bon jazz accompagné d’un verre de vin au Escape Bar
Notre chambre d’hôte (LemonGrass Homestay), le resto végé (Chau Full Moon) , et le café le plus noir de notre vie.
Le voyage commence à toucher à sa fin (comment ces trois mois sont-ils passés si vite?!) et nous décidons de continuer notre route vers le Nord.