[3 mois en Asie du Sud-Est] Le centre du Vietnam : Parc National de Phong Nha-Ke Bang

4 au 6 mai 2019

C’est à partir de ce parc que nous n’avons plus de doute quant à notre amour pour le Vietnam !

Le parc national, facile d’accès, est de plus en plus prisé. Avec trois immenses réseaux souterrains comprenant la plus grande grotte du monde, c’est le site de spéléologie le plus réputé du monde. Elle est aussi intimement liée à l’histoire militaire du pays.

Arrivés à Son Trach, nous choisissons un hôtel qui ne paye pas de mine mais qui a une piscine !

Quelques jours auparavant, nous avons réservé un trek avec l’agence Oxalis. Nos cœurs balançaient entre différentes grottes, différentes durées de trek… Le budget étant considérable, nous nous sommes donné une nuit de réflexion et avons égrainé des centaines de commentaires Trip Advisor.

Oxalis nous avait d’ores et déjà fait bonne impression de par leur professionnalisme et leur gentillesse (et les bières de bienvenue..!) . C’est d’ailleurs la seule agence à proposer la visite de Hang Son Doong, à ce jour la plus grande grotte du monde. Il faut compter quatre jour et trois nuits, 2800€ par personne, une bonne condition physique et un peu de chance car les billets partent rapidement. Mille privilégiés sont autorisés à la visiter chaque année. Pour vous donner un ordre de grandeur, la grotte pourrait abriter un bloc de gratte-ciels new-yorkais de 40 étages… Elle possède son propre micro-climat, une jungle et une rivière !

Notre choix se porte sur le Hang Tien 1-Day Discovery. Hang Tien, qui signifie « grotte des fées », est la plus grande du système de Tu Lan. Visitée en 1994 par la British Cave Research Association, elle est explorée en 2015. C’est ici que fut en partie tourné le film Kong : Skull Island.

Les offres sur deux jours ne nous paraissent pas apporter beaucoup plus d’aventures, seulement un rythme moins soutenu et une nuit dans la jungle grouillante d’insectes… Nous ne voulons pas non plus quelque chose de trop « facile », la rando nous manque ! Nous choisissons alors la plus difficile des excursions à la journée pour deux millions de dongs par personne.

A 8h du matin, nous nous joignons à un petit groupe multiculturel dans le minibus qui nous emmène à Tan Hoa, à environ 70km de notre hôtel, pour le briefing. Nous cheminons sur la piste Ho Chi Minh qui était utilisée pour transporter de la nourriture et du matériel pendant les guerres d’Indochine et du Vietnam. Chacun se présente, ce qui renforce l’esprit d’équipe. Très anglo-saxon mais toujours sympa !

Le trek débute par une montée escarpée et nous pénétrons dans la jungle. C’est toujours une sensation étrange de se retrouver au milieu de cette végétation verdoyante et luxuriante. Il fait chaud et humide. Cela ralentit considérablement notre progression et nous traînons en queue de peloton avec un couple de québécois. La totalité du trek ne fait pourtant que 6km avec un dénivelé positif de 350 mètres. Pas de quoi casser trois pattes à un canard ! Toutefois nombreux sont celles et ceux qui ont des vertiges. Les guides, habitués, leur procurent des boissons isotoniques. Après la traversée acrobatique de ce qui s’apparente au lit d’une rivière asséchée, les guides pointent du doigt l’entrée de la grotte béante. Aussi incroyable que cela puisse paraître, il me semble que nous aurions pu passer à côté… Nous nous asseyons sur les rochers pour profiter de la vue et d’une petite collation.

Équipés de casque de spéléo, de lampes frontales et de gants, nous pénétrons dans la grotte calme et paisible. Le rôle de l’eau est indéniable comme le prouve les marmites inversées au plafond. Comme le montre cette vidéo (grotte Hang En), les grottes sont inondées pendant la saison des pluies.

Hang Tien est différente de toutes les grottes visitées au cours de notre voyage/vie de par sa taille mais aussi car elle n’est absolument pas aménagée : pas de lumière pour mettre en valeur les formations, pas de zones délimitées ni de chemins tracés. Tout est intact. Nous avançons à notre rythme, les yeux écarquillés, tantôt sur du sable fin, tantôt en escaladant les rochers glissants avec l’aide des guides. Un petit kilomètre plus loin, nous sommes bloqués par l’eau. Nous éteignons tous nos lampes et observons un moment de silence dans le noir complet (ne pas penser aux araignées, ne pas penser aux araignées…!).

Après quelques photos, il est temps de faire demi-tour. Nous rejoignons le camp. En attendant qu’une partie des guides préparent le festin, nous suivons les autres qui nous conduisent vers un lagon ! Quel bonheur de se baigner dans cette eau fraîche. J’attrape un gilet de sauvetage qui me sert de matelas flottant. La mélodie des cascades nous bercent mais notre ventre nous rappelle que nous avons petit-déjeuner à 7h30 !

Nous nous attablons au côté « végétarien » de la table pour un festin ! La nourriture était délicieuse et en quantité impressionnante.

Nous repartons ensuite et les descentes qui nous avaient fait tant de bien deviennent des montées et vice versa… La bière fraîche de récupération vers le minibus nous requinque !

Sur le chemin du retour, nous apprenons qu’Oxalis réinvestit une partie de ses revenus dans des programmes de sensibilisation à l’environnement ou des projets pour aider les habitants (maisons qui deviennent maisons flottantes grâce à de gros tonneaux lors de la saison des pluies, écoles…).

Nous rentrons à Son Trach tard dans la soirée, lessivés, et allons dîner au Bamboo Café, ntre restaurant préféré.

La vidéo ci-dessous est encore plus représentative que les photos et on voit le mini lac dans lequel nous avons fait trempette.

Pour notre deuxième journée dans le parc, nous louons un scooter et partons visiter Hang Thien Duong, la grotte du Paradis. Avec un nom comme ça, on ne devrait pas être déçus !

Explorée pour la première fois en 2010, la grotte mesurerait plus de 31km de long. En effet, c’est gigantesque et absolument magnifique. L’éclairage est bien pensé et fait scintiller les formations colossales. Après 2km de marche (ça monte !), nous descendons dans les entrailles de la Terre pour rejoindre le cœur de cette cathédrale naturelle. Nous avons de la chance car il n’y a pas foule et la plupart ne pousse pas la visite jusqu’à la fin… Il n’y a pourtant qu’un kilomètre ouvert au public ! Il fait frais, 20 degrés contre plus de 35 à l’extérieur… Glagla, nous n’avons pas pensé à prendre une petite laine !

Vous souvenez-vous comment différencier stalactites et stalagmites ? Le fameux mémo-technique : stalactites (qui tombent) et stalagmites (qui montent).

Le temps, couplé à l’eau et aux gaz (et probablement d’autres éléments), est un sacré architecte !

Nous nous restaurons au restaurant du site et continuons notre « scooter road-trip » dans le parc.

Les autres grottes, en particulier celle à visiter en bateau (Phong Nha et Tien Son) nous font de l’oeil mais nous préférons continuer vers la Bon Lai Valley. Nous prenons une route de terre et cailloux jusqu’au Pub with cold beer, et comme son nom l’indique la bière est fraîche et la vue exceptionnelle. Le lieu invite à la farniente !

Nous traversons une passerelle étroite , je serre les fesses mais Charles assure ! Nous rentrons après une soixantaine de kilomètres et profitons des douches de la piscine pour se dépoussiérer avant une nouvelle nuit dans le bus.

[3 mois en Asie du Sud-Est] Hsipaw, Myanmar

15 au 18 mars 2019

Nous arrivons à Hsipaw (prononcé Sipo) par train. Nous traversons à vitesse grand V Nous passons 7h à nous faire bercer, sur les sièges confortables et bien trop larges de la première classe, à observer la vie rurale, à goûter les snacks des vendeurs ambulants, à somnoler dans la chaleur (le soleil tape sur la tôle et le train serpente parfois entre les flammes des champs en feu…), à discuter avec d’autres voyageurs et guides, et à photographier le fameux viaduc de Gokteik… « Long de 688 mètres et haut de 97, il est, à son inauguration en 1901, le plus grand pont à tréteaux et le deuxième pont le plus long du monde ; il reste aujourd’hui le pont le plus haut en Birmanie » (Wikipédia).

On se met ensuite en jambes avec de la marche sous les regards interrogateurs de tous les touristes du train qui embarquent dans des des tuk-tuk pour rejoindre leurs hébergements. On enchaîne avec Sunset Hill, la colline du coucher de soleil. On a quelques frayeurs en s’y rendant… Les camions et les cars nous doublent à toute vitesse sur une route bien trop étroite pour un traffic aussi dense. On apprendra le lendemain que nous étions sur la route de la Chine, toute proche ! Après quelques efforts, nous arrivons au sommet de la colline alors que le ciel rose orangé reflète dans la rivière en contrebas.

Nous avons rendez-vous le lendemain à 7h30 avec Jo-Yin, notre guide de randonnée pour une journée dans les montagnes. Malgré le discours alarmiste de deux anglaises avec qui nous avions dîner, nous passons l’une des plus belles et plus instructives journées de notre voyage, le tout sans être pris dans les tirs croisés entre les armées… Jo-Yin n’a pas la langue dans sa poche et nous explique tellement de choses qu’il est difficile de tout retranscrire ici. Nous passons de conversations légères sur les us et coutumes françaises et birmanes et la faune et la flore à des sujets plus polémiques sur la politique, la religion, l’économie, l’éducation, la guerre…

En vrac :

– Les effets dévastateurs de la spéculation sur les denrées alimentaires et la main-mise de Syngenta sur le commerce de grains/pesticides dans cette région.

– Les conflits entre les armées locales, l’armée du Nord et celle du Myanmar. Les fils des villageois qui se font enrôler de force.

– Les ravages des mines anti-personnel.

– Les centaines de réfugiés logés dans les monastères de Hsipaw.

– La joie des Birmans en 2016 lorsque la prix Nobel de la Paix et leader de la Ligue nationale pour la démocratie, Aung San Suu Kyi, gagne les élections. La désillusion lorsqu’ils se rendent compte que leur situation ne s’améliore que très peu… Les riches s’enrichissent, les pauvres s’appauvrissent et les conflits entre ethnies se poursuivent. Quelques écoles et hôpitaux sont tout de même ouverts dans les campagnes.

– Les magouilles des Chinois pour acheter des terres et construire alors que c’est en théorie interdit

– La censure

– L’ingéniosité des habitants : les génératrices hydroliques faites-maison, les systèmes d’irrigation, l’utilisation de la gravité pour faire monter l’eau jusqu’aux habitations sur la colline, le monsieur qui rentrait ses vaches au lance pierre, les maisons entièrement fabriquées en bambou, les panneaux solaires…

– L’éducation dans les monastères boudhistes pour beaucoup de garçons

– Les raisons pour lesquelles les paysans brûlent leur champs. C’est certes pour fertiliser mais surtout parce qu’ils travaillent sur des terrains abruptes principalement à la main, les plus chanceux avec l’aide d’un buffle, et que ce serait bien trop long de défricher sans l’aide du feu.

– Côté plantes, nous avons découvert l’arbre à canelle, un arbre avec de belles fleurs comestibles en forme de papillon, des herbes utilisées par les chamanes pour stopper les hémorragies, servir d’antiseptique, d’anti douleurs, etc. Côté faune, on a appris l’existence de coqs dressés pour dénicher les poulets sauvages. Ils sont très chers !

– On a remarqué bien moins de déchets plastiques au sol dans les villages de montagne.

– Les différentes langues entre des habitants qui vivent à peine à 10km les uns des autres. Même l’alphabet diffère !

– Les différences entre les cimetières chinois, musulmans, et chrétiens.

– Le mariage obligatoire lorsque qu’un homme et une femme souhaitent vivre ensemble.

– Le pouvoir spirituel des tatouages. Par exemple, Jo-Yin aimerait se faire tatouer mais il a peur de devenir agressif.

– La sécurité sociale inexistante. Les femmes des villages donnent naissance chez elles et pour certains actes bénins, quelques hôpitaux acceptent les dons…

Après 32 km et le meilleur repas birman de notre séjour, on est heureux de voir le songthaew qui nous attend en bas du sentier. Plusieurs personnes sont attroupées autour du chauffeur. Jo-Yin nous apprend qu’un bébé a perdu connaissance et que les villageois aimeraient utiliser le véhicule pour l’emmener à l’hôpital. Nous les prions de monter à bord ! Toute la famille s’excuse… La maman court chercher un bambin en effet mal en point. Après une vingtaine de minutes de route cabossée, nous déposons la famille aux urgences, pas plus alarmée que ça. Drôle de fin de journée…

Le lendemain, c’est à vélo que nous explorons Hsipaw. Nous passons devant une fabrique de nouilles de riz. Elles sèchent au soleil pendant que nous nous liquéfions ! On va voir « Little Bagan », un ensemble de vieux temples en ruines au milieu des poubelles… Le Shan Palace, un musée privé, est fermé alors nous partons nous perdre dans la campagne, en suivant la rivière puis une voie de chemin de fer qui monte vers le nord. Les paysages sont magnifiques, les gens répondent à nos Mingalaba avec de grands sourires mais on finit par se retourner… Pas envie d’avoir des problèmes avec les autorités ! Pour terminer en beauté, nous nous rendons de nouveau sur Sunset Hill, cette fois-ci en poussant nos vieux vélos. Tout ça pour pouvoir dévaler la pente dans le boucan infernal de nos freins grinçants. Ça nous rappelle un peu ceux de Cheezy 😉